Le Centre de Réussite Universitaire (CRU) de l’Université Titu Maiorescu a lancé au début de l’année 2020 un cycle de conférence sur le thème « Défis et atouts de la pluralité linguistique dans la production et la transmission de connaissances » sous la direction du Professeur Maria NICULESCUCe cycle a eu pour but de sensibiliser le public cible, francophone et non-francophone aux défis de la langue à privilégier dans la production et la transmission des connaissances, dans l’enseignement, la recherche, la communication scientifique, notamment universitaire, car une langue est porteuse d’idées, de valeurs et d’une culture liées à un contexte. La langue maternelle est l’interface entre notre pensée et le monde extérieur, le moteur de la pensée, le levier du processus cognitif et de la créativité.

Aujourd’hui, quand la pluralité linguistique a laissé la place à l’hégémonie de l’anglais, la diffusion des résultats de certaines recherches dépasse rarement le cercle de locuteurs de cette langue et leur utilité pour la société reste imprécise. De surcroît, certaines politiques nationales encouragent fortement la publication dans des revues et des maisons d’éditions anglophones, en générant un certain désintérêt quant à la publication en langue nationale, notamment dans les sciences humaines et sociales.

Le choix d’une langue n’est jamais neutre sur le plan politique, économique, social et culturel. Dans la recherche, notamment dans les sciences sociales, l’intrusion d’une langue dominante influence la démarche de production des connaissances et la manière de voir le monde, en conduisant à l’éloignement des champs de recherche des réalités contextuelles, de l’univers socio-culturel national. Cela se concrétise par la perte de terminologies et de sujets de recherche potentiellement utiles pour la société, la perte de domaines et de concepts nationaux, l’abandon de références bibliographiques nationales, la domination de certains concepts, de positions épistémologiques et de méthodologies anglo-saxonnes.

L’impact des connaissances produites par les chercheurs devient de plus en plus un sujet majeur de préoccupation tant dans le milieu académique, que dans le monde professionnel et politique. Il est légitime de s’interroger sur l’efficacité de l’investissement public national et européen dans la recherche, au même titre que l’investissement dans tout autre domaine. Par ailleurs, soucieuse de l’efficacité de la recherche, mais aussi de sa diversité, la Commission européenne exige actuellement une meilleure orientation de la recherche doctorale et postdoctorale vers des thèmes et champs de recherche en lien avec les besoins de la société, en privilégiant le financement des chercheurs dans les domaines ayant un potentiel compétitif et apportant des réponses aux questions sociétales.